40 ans, la force de l’âge
C’est ainsi que l’histoire a débuté…
Si Aquanord est effectivement créée en 1983, l’aventure démarre quelques années plus tôt.
C’est en 1976, que va naître cette idée folle, tellement en avance sur son temps.
En effet, cette idée, qui deviendra bientôt le projet, repose sur l’utilisation des eaux chaudes
de la centrale nucléaire (pas encore en service) pour alimenter les bassins d’une ferme
aquacole qui est à inventer…
Dès le début, l’histoire encore à venir, démarre sous le sceau de l’innovation.
Valoriser les eaux de refroidissement de la future CNPE de Gravelines, il fallait non
seulement y penser mais également y croire !
M. Albert Denvers, président de la Communauté Urbaine de Dunkerque, immédiatement
comprend l’intérêt économique du projet d’une station d’essai et une ferme aquacole pilote
pour le territoire.
En 1982, le Syndicat Mixte pour le développement d’un réseau d’aquaculture à Gravelines
est créé.
En 1985, c’est la constitution de la Société Coopérative Maritime Aquanord qui en
1988 sera transformée en S.A…
En 1991, le site aquacole, avec l’Écloserie Marine de Gravelines et la ferme de
grossissement, maîtrise toute la chaîne d’élevage.
La nurserie, de pilote ou expérimentale devient une entreprise capable de produire les
alevins qui pour moitié sont destinés à la vente et l’autre à Aquanord.
La boucle est bouclée !
D’une ferme pilote à l’ère industrielle…
À ce moment, la ferme marine à terre de Gravelines est la plus importante d’Europe.
Dès 1992, les résultats sont probants, au point qu’il est envisagé d’installer une ou deux
fermes supplémentaires.
De 60 T de poissons produits jusqu’en 1988, les dirigeants estiment porter la capacité de
production à 700 T.
En 1994, la ferme emploie jusqu’à 120 salariés et malgré un contexte fortement concurrencé
par les italiens et les grecs - par ailleurs largement subventionnés par l’Europe - les nouveaux
dirigeants ne changent pas leur stratégie commerciale : augmenter les volumes pour peser
sur les marchés.
En 1995, Aquanord est consacrée par un « Bocuse d’Or ». La ferme produit 1200 T de bars,
de daurades et de turbots.
Les dirigeants de l’époque misent alors sur la création de 12 bassins supplémentaires pour
encore augmenter la production et contrer la concurrence et ce malgré l’effondrement de
50% des cours du poisson.
De la croissance à la chute…
Les années de 1996 à 2012 sont une succession de succès qui pourtant n’enrailleront pas la chute.
Avec 45% de la production française de bars et daurades et bien que l’on retrouve les poissons élevés à Aquanord sur les meilleures tables françaises et internationales, à partir de 1996 les dettes s’accumulent. Les SEM sont dissoutes.
Pour autant, Léon Panier, maire de Gravelines ne laisse pas tomber ce fleuron de l’industrie agroalimentaire en accordant un crédit supplémentaire à la S.A et en
portant la Ville caution à hauteur de 50% pour l’emprunt de 11 millions que doit contracter la ferme.
Si la reconnaissance est bel et bien là, avec un nouveau « Bocuse d’Or » en 2001, une production qui s‘élève à 2000 T et une exportation de ce pur produit gravelinois dans toute l’Europe, en Asie et jusqu’aux États Unis, rien ne va plus.
Le champion régional marque le pas et n’encaisse plus les coups portés par la concurrence toujours plus féroce des grecs, espagnols, ou portugais… Jusqu’à la liquidation judiciaire.
L’histoire des pionniers, de ce fleuron de l’aquaculture nationale aurait pu s’arrêter là !
Toujours là !
En 2013, Gloria Maris, présidée par Philippe Riera est candidat au rachat.
Avec 2 anciens des plus belles heures d’Aquanord, Olivier Poline et Henri Hellin, il créé
ICHTUS.
Le soutien indéfectible de la Ville de Gravelines et de son maire Bertrand Ringot, de
l’État…convaincus de la pertinence du plan de reprise ont largement contribué à conforter la
crédibilité du repreneur.
La reprise est actée par le tribunal de commerce : 2/3 des emplois sont préservés, la
production est ramenée à 1500 T et Philippe Riera s’engage à investir de 6 millions d’euros
pour remettre à niveau les installations qui ont bien vieillies.
Quelles sont les raisons qui ont prévalue à la création d’ICHTUS ?
- Refus de perdre un emplacement stratégique unique
- Maintien d’une technicité complexe et d’un personnel formé
- Soutien à l’élevage français de bars et daurades qui avec la disparition d’Aquanord
aurait perdu 50% de sa production marine (35% toutes espèces confondues).
- Poursuite des projets de recherche dans la région qui est un leader reconnu,
indispensable au développement de l’aquaculture nationale.
Philippe Riera fixe le nouveau cap
Ichtus à partir des orientations stratégiques et des objectifs de redressement des 2 entités,
Aquanord et EMG, va permettre à la zone aquacole de Gravelines de renouer avec la
vocation d’excellence de ce site aquacole.
Les 3 axes majeurs :
- Activité historique de grossissement de Bars et de Daurades ramenée de 2500 à 1500
tonnes pour assurer une production plus qualitative.
- Participation active au développement qualitatif de l’aquaculture nationale par la
recherche et la sélection de nouvelles espèces avec EMG en partenariat avec les centres de
recherches français.
- Partenariat technique et financier avec la Plate-Forme d’Innovation Nouvelles Vagues
(location conventionnée de bassins), pour la mise en oeuvre des expérimentations de ce
centre de transfert de technologie français essentiel au développement de l’Aquaculture
nationale. La Plate-Forme d’Innovation Nouvelles Vagues engagera un programme d’innovation relatif
à l’efficacité énergétique des process.
Pari gagné
L’exigence, à chaque étape de l’élevage, hisse incontestablement la ferme au plus haut
niveau de qualité.
Aujourd’hui la ferme affiche une santé florissante.
Forte de ses 40 ans d’existence, d’une capacité à l’innovation jamais démentie, à l’expertise
de ses collaborateurs au fil des ans et à une stratégie axée sur l’excellence, Aquanord porte
haut les couleurs de l’aquaculture française.